Tous les articles de ce site internet sont rédigés comme des reportages, pour informer, expliquer et partager. Le narrateur écrit « nous » et donne l’impression que nous sommes nombreux.
Je vais expliquer pourquoi, avec Elodie, nous avons décidé de nous séparer du troupeau de chèvres.
Depuis la création de l’association, de très nombreuses personnes nous ont encouragés, ont donné de leur temps ou de leur argent, ont symboliquement adhéré à support terre et vie.
Nous avons souhaité les remercier lors du discours prononcé le 3 juin dernier (voir article « Support terre et vie a 5 ans ! »).
Tout ce qui a été fait depuis 5 ans a été infiniment bénéfique pour Gabriel et pour de nombreux autres jeunes et leurs familles.
Mais cela ne s’est pas fait tout seul. J’y ai consacré beaucoup de temps, en réflexions et en actions.
Lors de la dernière Assemblée Générale (mars 2023) je disais :
« En 5 ans, notre association a avancé vers son objectif, par étapes, en osant et en s’adaptant, sans précipitation. Mais l’objectif est encore loin. Une réflexion est à envisager sur le cheminement à venir.
Les adhérents par conviction ont été, chaque année, plus nombreux, en contribuant financièrement et moralement. Mais les adhérents qui prennent part aux projets et aux activités, les bénévoles investis, les « créateurs » nécessaires dans ce genre d’association sont insuffisants pour réfléchir aux prochaines étapes. Un souffle nouveau est à trouver avant d’aborder les prochaines étapes. »
J’avais alors présenté des projets susceptibles de favoriser les échanges pour écrire la suite de l’histoire, en les partageant avec un maximum de personnes ou partenaires (journées de travaux collaboratifs, création et vente d’un mug, inauguration des bâtiments, mini-marché organisé par les jeunes) … Il y a eu peu de réponses. Cela m’a apporté la confirmation qu’il fallait changer des choses dans la réalisation du projet de l’association. Même si ce projet est tourné vers les autres, motivé par l’envie de construire un univers à Gabriel et de le partager avec tous ceux qui sont handicapés comme lui, ce projet est également, évidemment, un projet personnel. Je pense que la façon de l’avoir démarré a été la bonne. Mais il y a des choses à changer pour pouvoir continuer. Soit accélérer la transition soit rétrograder pour affiner la réflexion. J’ai fait le choix de passer en mode « ralenti ». Et cela se traduit par ma reprise du travail à temps plein, et … par la séparation du troupeau de chèvres.
J’aurais gardé les chèvres pour pouvoir les emmener régulièrement sur des parcours (ripisylve ou bois), avec Gabriel ou d’autres jeunes. Comme j’aurais gardé les poneys pour pouvoir les promener régulièrement. J’aurais gardé les chèvres pour pouvoir les traire et faire des yaourts ou des fromages avec les jeunes. Tout cela je ne l’ai fait que trop rarement, par manque de temps, et cela n’a intéressé que moi. Le bénéfice pour Gabriel et les jeunes est devenu ridicule pour l’énergie investie.
Il y avait néanmoins un bénéfice et nous allons le garder. En effet l’association support terre et vie permet aux jeunes, depuis un an, de pouvoir faire du cheval et de la médiation animale chez Lucie, l’éducatrice qui encadre les « Samedi cap sur la ferme ». Lucie avait déjà adopté deux de nos chevrettes. Pushmina et Shakira ont rejoint le troupeau. Son projet est très comparable au mien, à la différence essentielle que c’est son activité principale, professionnelle, rémunérée. Mon intention est de lui apporter mon soutien.
Nous proposerons au prochain conseil d’administration que l’association support terre et vie aide au développement et au fonctionnement du lieu d’accueil sur la ferme de Lucie, ce qui correspond exactement à l’objet de notre association. Ce nouveau lieu est géré par l’association « Cap’Ma : médiation par l’animal ». Nous proposerons en particulier de faire un don à cette association pour aider à acheter un cheval.
Pour le reste, l’association support terre et vie va continuer à exister, à organiser et financer les « Samedi cap sur la ferme », sur notre ferme un samedi par mois, ainsi que « Cap sur la ferme + », au moins deux matinées par mois chez Lucie. Notre lieu reste ouvert pour les éducateurs en libéral. Quant à la forêt-jardin, je vais continuer de m’en occuper !
Personnellement, j’ai toujours le projet de construire un lieu d’accueil… avec des chèvres, qui seront pyrénéennes. Mais je vais rester les trois prochaines années en mode « ralenti ». Plein d’idées doivent encore mûrir. Des questions sont aussi à creuser. Comment ? Où ? Avec qui ?
Fabien